Paris, le 5 septembre 1870.
Cher Monsieur,
Ce que vous me conseilliez de ne pas faire, je l’ai fait : je suis allé à Paris, quittant la maison maternelle ! J’ai fait ce tour le 29 août.
Arrêté en descendant de wagon pour n’avoir
et devoir treize francs de chemin de fer, je fus conduit à la préfecture, et, aujourd’hui, j’attends mon jugement à Mazas ! oh ! — J’espère en vous comme en ma mère ; vous m’avez toujours été comme un frère : je vous demande instamment cette aide que vous m’offrîtes. J’ai écrit à ma mère, au procureur impérial, au commissaire de police de Charleville ; si vous ne recevez de moi aucune nouvelle mercredi, avant le train qui conduit de Douai à Paris, prenez ce train, venez ici me réclamer par lettre, ou en vous présentant au procureur, en priant, en répondant de moi, en payant ma dette ! Faites tout ce que vous pourrez, et, quand vous recevrez cette lettre, écrivez, vous aussi, je vous l’ordonne, oui, écrivez à ma pauvre mère (Quai de la Madeleine, 5, Charlev) pour la consoler. Écrivez-moi aussi ; faites tout ! Je vous aime comme un frère, je vous aimerai comme un père.
Je vous serre la main. Votre pauvre
Arthur Rimbaud
À Mazas
(et si vous parvenez à me libérer, vous m’emmènerez à Douai avec [vous].)
Arthur Rimbaud, « Lettre à Georges Izambard, 5 septembre 1870 », Lettres de Jean-Arthur Rimbaud, Égypte, Arabie, Éthiopie, 1899
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